De la futilité des ombres (Episode 1)

Quand Thémis arrive ce soir là, ils sont déjà assis là, à même le sol, en cercle autour de rien.
L'antique lanterne à pétrole fait jouer les ombres sur le mur décrépi. Discussions et silences, les plus jeunes ouvrent grand leurs yeux, comme pour mieux entendre les paroles des plus vieux.

Thémis reste quelques minutes à l'encolure de la porte, elle les regarde.
Ce soir une sorte de sérénité flotte dans l'air, comme si... Flashback, une larme, des souvenirs affluent, joies et peines se mélangent dans cette marée hurlante, arret sur image, un sourire, un visage, un nom, et puis plus rien... ou trop !!! Défilé d'images, de sons, les sentiments maintenant, elle perd pied, deconnectée, plongée dans le  néant... infini cérébral.
C'est le silence qui la sort de cette transe, un lourd silence, elle rouvre les yeux  et c'est de nouveau la lampe à pétrole, le cercle et tous les yeux rivés sur elle, appuyée contre la porte.

Les anciens lui lancent des regards pesants emplis de respect et d'une crainte silencieuse, elle ne les regarde pas, quelque chose fuit ses idées, elle ne cherche pas à le retenir.
Les plus jeunes ne l'ont encore jamais vue et attendent ce jour depuis qu'ils sont en age de comprendre, elle le sait; elle sait aussi, quelle que soit son humilité à cet égard, que ce "premier contact" sera un instant important voire déterminant dans leurs existances, et cela rajoute a son anxiété.

Puis une voix, un souvenir, de nouveau une larme, désillusion, réalité, le cercle, les ombres...

"Entre Thémis, c'est une joie pour nous de t'avoir. Si jérémia nous laisse le temps tu nous donneras des nouvelles de Steinfjords".

Comme transpercée par le son de cette voix desincarnée, elle se dirige encore tremblante vers le cercle, ne choisit pas sa place mais prend la première disponible comme le veut la coutume qu'elle même a instaurée des années plus tôt.

Ecrit sous haute dose de massive attack et portishead (merci a eux). La suite n'est pas loin...

Edit : j'ai publié ceci beaucoup trop tôt, ça mérite d'etre épuré.