Violences ordinaires

En réponse à Histoire d'un songe d'été j'ai reçu un mail de quelqu'un qui m'est cher... et surement plus que ça.

Il a une lecture particulière de cette histoire, et je voulais vous la faire partager, pourquoi ? A vous de trouver.

Il me permet de publier ça ici, ce sont ses conclusions je ne les assume pas pour lui, seulement elle ont leur place ici.

Problématique de la violence. Et de la vérité qu'on boit.
Violer le monde ou se faire violer.
Tesla s'est mis au blog pour écouler ses textes, et rétroactivement quelque chose frémit au fond de mon âme et remonte un souvenir illuminé par la rage: elle se retourne et me dit "s'il te plaît, ne restes pas seul ce soir". Je lui répond oui, comme j'ai toujours fait. Je lui répond oui, par réflexe. Parce qu'elle est en face de moi, encore, et que je n'ai pas réalisé dans ma chair que ce ne sera plus jamais le cas. Elle s'en va, moi aussi. Je crois bien que je me suis retourné, comme j'ai toujours fait, seulement cette fois je n'ai pas attendu qu'elle disparaisse... Ou se retourne à son tour. Ce coup-ci, c'est trop tard. Premier frisson le long de ma colonne vertébrale. Machinalement, quand même, j'ai appelé quelqu'un. Et une fois promis de passer, une fois raccroché, le vide qui bouillone dans mon ventre me saute enfin dessus, et c'est alors qu'est montée la colère. Au milieu du désespoir, brûlante comme les larmes qu'elle chasse, la colère contre moi. Ne pas rester seul, ce soir justement où le monde n'existait pas. Nier la violence, mentir. Ç'a été le grand retour de mon tempérament solitaire, et cette colère est toujours quelque part en moi. Ne pas se mentir, ne pas leur mentir. Fier. Être seul quand souffle le chaos à travers le monde. Mais je ne prends pas la pose pour autant, j'essaye de ne pas montrer ma colère. Elle ne concerne que moi. Alors être seul une bonne fois, traverser de part en part la violence muette, la laisser passer à travers moi. Avaler le monde. Violer, et être violé. Et en ressortir, conscient. Il sera alors, peut-être, temps d'écouter un peu plus les mélodies.

Le rapport avec Tesla ? Son poème de l'été dernier. Encore un qui ne se pardonne pas sa conduite. Lui aussi a été beau joueur, adulte, pondéré, civilisé face à une violence qui lui tordait les tripes en souriant. comme ça, par habitude, pour les autres, parce que ce ne serait pas constructif...

La plus grande plaie d'une société pacifique et civilisée, c'est justement cette censure de la violence extrême. Et malgré sa présence constante, cette société EST civilisée, malgré tous les textes, musiques, témoignages du contraire. Car ils viennent a posteriori. Face à la violence muette, nous n'avons que des mots civilisés, des attitudes civilisées en mémoire, et c'est aussi ainsi qu'elle se présente à nous autres, castrés.